C’est ce que me disaient mes professeures ès orthopédie infantile lorsqu’elles s’escrimaient à m’inculquer les bases des techniques destinées à «remettre les enfants droits» : « on pense que la rééducation permet de réduire la progression de la scoliose ».
C’est ce qu’avance cet article près de quarante ans après 🙂 , sur des bases à peu près factuelles, cette fois (pas de randomisation…).
Dans cette petite série prospective, une rééducation spécifique de la scoliose idiopathique a entraîné une progression de la courbe significativement inférieure à celle des sujets témoins.
Population-cible
Les sujets présentaient des courbes scoliotiques entre 12 ° à 20 ° et un Risser à 0.
Ils ont choisi de faire partie du groupe expérimental ou du groupe témoin. Le groupe témoin n’a pas bénéficié de traitement.
Indicateurs
Les angles de Cobb ont été mesurés par un observateur en aveugle des groupes, au début de l’étude, à six mois et à un an.
Procédure
Les exercices étaient basés sur la méthode Schroth et adaptés en fonction des courbures et du patient. Il s’agissait de 5 exercices de base en décubitus, assis, latéro-cubitus, procubitus, debout. Pour aller plus loin, vous avez un bon descriptif des différentes méthodes utilisées pour ces traitements et le bréviaire de la Méthode Schroth, édité chez Frison-Roche, traduit de la 7° édition allemande.
Posologie
Les patients ont bénéficié d’au moins 8 heures de kinésithérapie en 6 mois avec un kinésithérapeute spécialisé. Ils devaient faire chez eux un quart d’heure d’exercices trois fois par semaine. Le patient pouvait revoir son thérapeute pour un complément d’information si nécessaire.
Résultats
Quarante-neuf patients ont été inscrits au départ (26 dans le groupe expérimental contre 23 dans le groupe contrôle).
Trente-trois d’entre eux ont été suivis jusqu’à un an (19 dans le groupe expérimental contre 14 dans le groupe contrôle)
A un an, le groupe expérimental présentait des courbures plus petites que le groupe contrôle (16,3 ° contre 21,6 °, p = 0,04) et une progression de courbe moins prononcée (0 ° contre 5,6 °, p = 0,02).
Le passage au corset s’est cependant fait de façon similaire entre les groupes au suivi à un an (37% vs 43%).
Commentaire
La non-randomisation est un biais qui limite la portée de l’étude, parce qu’elle est susceptible de modifier les caractéristiques des groupes (milieu social aisé pour faire face au coût de la prise en charge aux USA, maturité, compréhension des enjeux). Se servir du recours au corset comme indicateur d’échec est aussi discutable, puisque sa prescription peut être liée à d’autres facteurs que l’échec du traitement kiné.
Mais l’étude a la puissance nécessaire, les groupes ne diffèrent à un an que sur l’importance des courbures…, et puis d’autres études se retrouvent en faveur de cette méthode…
Sur le même sujet, une revue systématique parue ce mois-ci [Burger 2019], en accès libre, considère que peut être, il est raisonnable de penser que couplée à d’autres traitements comme de la thérapie manuelle ou d’autres prises en charge, …
Références bibliographiques
Zapata KA, Sucato DJ, Jo CH. Physical Therapy Scoliosis-Specific Exercises May Reduce Curve Progression in Mild Adolescent Idiopathic Scoliosis Curves. Pediatr Phys Ther. 2019 Jul;31(3):280-285. doi: 10.1097/PEP.0000000000000621.
Articles en rapport avec le sujet
Christa Lehnert-Schroth, Lionel Fauvy.Traitement tridimensionnel de la scoliose. Orthopédie respiratoire Système Schroth. Editions Frison-Roche janvier 2012
Burger M, Coetzee W, du Plessis LZ, Geldenhuys L, Joubert F, Myburgh E, van Rooyen C, Vermeulen N. The effectiveness of Schroth exercises in adolescents with idiopathic scoliosis: A systematic review and meta-analysis. S Afr J Physiother. 2019 Jun 3;75(1):904.