Généralités
La sub-talaire passe d’une position d’éversion (stable), correspondant à un valgus, avec fermeture du sinus du tarse, à une position d’inversion (instable), correspondant à un varus, avec ouverture du sinus du tarse. Le talus pivote autour du sustentaculum tali, le bien nommé.
Vues antérieures d’un talus et d’un calcanéus droits. Stabilité de la subtalaire en éversion, instabilité en inversion
Observations
Appréciation du varus-valgus subtalaire
Procédure
Patient en décubitus. Le praticien empaume les deux talons et leur imprime un mouvement de varus, puis de valgus. Comparer la symétrie de mouvement.
Le varus correspond à une position d’instabilité de l’arrière-pied, préjudiciable. Une impression de raideur en valgus et varus est contemporaine d’une entorse grave, d’un traumatisme de la cheville.
Immédiatement après une entorse, un hématome peut former une ligne horizontale de part et d’autre du talon, attribué à l’atteinte de la subtalaire.
Mobilisations passives
Beaucoup de prises de mains différentes, aucune validité retrouvée de ces techniques sauf, conjointement à d’autres techniques de thérapie manuelle sur la cheville dans le cadre d’une entorse, l’une d’entre elle…
Mobilisation sub-talaire globale en décompression
Procédure
Dans cette mobilisation passive proposée par Dolto [7], le patient est en décubitus, jambe en crochet. Le kinésithérapeute glisse un genou sous le genou du patient. D’une main, il place le talon entre ses éminences thénar et hypothénar. De l’autre, il contacte le col talaire de la première commissure.
Venant caler son coude contre son genou, il réalise une décompression du tarse postérieur en accentuant la flexion de genou. Après quelques minutes, des crépitations de l’arrière-pied peuvent se ressentir, témoignant d’un retour à une mobilité passive.
À noter
Cette technique est souvent mal comprise : c’est l’appui du coude contre la cuisse du kinésithérapeute qui permet la décompression (lorsque l’avant-bras du kinésithérapeute est trop petit par rapport à la jambe du patient, il est nécessaire de déplacer la cuisse du kinésithérapeute en distal).
Variante en « coupe » en décubitus
Le sujet est en décubitus dorsal, la hanche du côté à mobiliser est en abduction et rotation latérale, le genou est fléchi. Le thérapeute est assis sur le bord homolatéral de la table, la cuisse du patient venant s’appliquer sur sa région dorso-lombaire. Le thérapeute tourne ainsi le dos au patient. Une main, première commissure ouverte, vient s’appliquer sur le col du talus, juste en avant du pilon tibial. L’autre main s’applique de la même façon sur la partie postéro-supérieure du calcanéus. Ces deux mains exercent alors deux forces parallèles et de même sens qui tendent à « séparer » le pied du squelette jambier. Cette manoeuvre de décompression articulaire intéresse simultanément la talo-crurale et la surface articulaire postérieure de la sub-talaire. Il est à noter que le contre-appui étant fémoral, la force mobilisatrice intéresse également l’articulation fémoro-tibiale.
Variante en décompression en procubitus
Le pied du patient est posé sur un coussin cylindrique dur, le kinésithérapeute à ses pieds réalise une traction en tire-botte en direction caudale. Répétitive et sans contre-prise, elle doit se faire sur un pied stabilisé par la raideur du coussin ou une main glissée entre face dorsale du pied et coussin.
Mobilisations sub-talaires spécifiques
Contrairement aux manoeuvres précédentes, elles n’interposent pas la talo-crurale si la contre-prise talaire est efficace.
Procédure
Le patient est en latéro-cubitus en bout de table. Le kinésithérapeute enserre l’avant-pied du patient entre ses cuisses, maintient malléoles et talus d’une main, empaume le calcanéus de l’autre. Cette prise puissante permet de mobiliser le calcanéus par rapport aux éléments environnants. La table à hauteur variable est indispensable pour les petits praticiens.
Variante en bout de table
Le patient est en latéro-cubitus homolatéral, malléole latérale posée sur un essuie-mains roulé, pied en débord de table. Le kinésithérapeute utilise son avant-bras crânial pour stabiliser le tibia, et maintient serrées les malléoles. L’éminence thénar de la main caudale est appliquée immédiatement en distal de la malléole tibiale, la main caudale empaume l’arrière-pied. Le kinésithérapeute utilise le poids de son corps pour réaliser une mobilisation passive lente et répétée en valgus en enserrant le talus en deça des malléoles.
Manipulation subtalaire
En présence d’une limitation en varus, il est possible de mobiliser la sub-talaire en se servant de la souplesse de la table.
Procédure
Le patient est en latéro-cubitus, le pied et la jambe reposant sur la table sur leur bord latéral. Le kinésithérapeute repère aux pouces le sustentaculum tali, qui correspond grossièrement à l’articulation subtalaire en médial, et en apprécie la résistance.

Il contacte du pisiforme l’endroit de plus grande résistance, vient renforcer son appui à l’aide d’un appui de l’autre main, afin de réaliser une manœuvre verticale, répétée ou avec impulsion.

Variante en valgus pied sur la table
En présence d’une limitation en valgus, il est possible de modeler la sub-talaire dans ce secteur. Le patient est en latéro-cubitus, le pied et la jambe entière reposant sur la table sur leur bord médial. La pointe de la surface articulaire latérale du talus, correspondant globalement à l’articulation subtalaire est palpable sous la pointe de la malléole latérale.

Le kinésithérapeute repère à l’aide des pouces ou des index cette pointe talienne et en apprécie la résistance.
Il contacte du pisiforme l’endroit de plus grande résistance, vient renforcer son appui à l’aide d’un appui de l’autre main, afin de réaliser une manœuvre verticale, répétée ou avec impulsion.
Variante en décubitus jambe en crochet
Le patient est en décubitus jambe en crochet, le talon posé sur la table. Le kinésithérapeute réalise une alternance de varus et valgus par le contact du calcanéus sur la table, en maintenant fermement l’avant-pied de la main distale, la jambe de l’avant-bras proximal. La manoeuvre est puissante ; la main crâniale peut stabiliser le talus et les malléoles, la main caudale naviculaire, cuboïde et calcanéus.
Variante en glissement postérieur du talus sur le calcanéus
Le sujet est en décubitus ; la hanche et le genou du côté à mobiliser sont fléchis, et le pied repose sur la table en appui plantaire. La talo-crurale est alors en extension et le col du talus est dégagé. Le kinésithérapeute, latéral au pied, applique une main, première commissure ouverte, sur l’extrémité antérieure et inférieure du tibia au niveau du col du talus. L’autre main maintient le calcanéus au contact de la table. Une force appliquée sur le talus et dirigée d’avant en arrière déplace cet os sur le calcanéus immobile.
Variante en procubitus
Le patient est en procubitus, jambe à la verticale. Sa cuisse est stabilisée par la cuisse du kinésithérapeute. Le praticien contacte la tête du talus avec la première commissure. De l’autre main, il empaume le calcanéus. Les deux mains par leur appui tractent le pied et mobilisent la sub-talaire selon l’axe de Henké, ligne allant du tubercule postéro-latéral du calcanéus au col du talus en passant par le sinus du tarse.