Une revue systématique venant de paraître considère que les preuves concernant les tests de mouvement segmentaire lombaires sont de qualité médiocre.
Il n’est pas recommandé de baser son raisonnement sur ce seul test et on ne sait pas si le cumul de plusieurs tests de mobilité passive segmentaire permet d’être plus précis [Stolz 2020].
Procédure
Le patient est en procubitus, bras le long du corps ou pendants, tête tournée de façon confortable. Le kinésithérapeute est debout latéralement à lui. A l’aide d’un appui hypothénarien, juste en dessous du pisiforme, sur le processus épineux, le kinésithérapeute réalise une poussée progressive dorso-ventrale, perpendiculaire à la tangente de l’arc représenté par la lordose lombale, sur chaque vertèbre lombale. La force est appliquée en 1 à 2 secondes, son intensité devant permettre d’épuiser la course d’extension (grade IV de Maitland).
Valeurs obtenues :
Les réponses sont qualitatives : le praticien se prononce sur un étage qu’il juge hypomobile ou non ou bien sur un étage qu’il juge hypermobile ou non.
Une hypomobilité sur au moins un étage lombal classe le rachis comme hypomobile. Une hypermobilité sur au moins un étage lombal classe le rachis comme hypermobile.
Lorsque les amplitudes sont mesurées à l’IRM, l’extension retrouvée apparaît similaire à chaque étage mobilisé, soir de l’ordre de 3,5° ± 1,5° (Landel 2008).
Fiabilité inter-examinateurs :
Le cumul des différentes études (avec des estimations autres que binaires) induit cependant une faible fiabilité (k = 0.27) (Ferrari 2015).
Une revue systématique juge la fiabilité extrêmement faible [Stolz 2020].
Auteurs | Examinateurs | Recherche de | ICC ou Kappa |
Maher Adams 1994 | MK de 6 à 15 ans d’expérience en thérapie manuelle | Raideur | Icc de 0.02 à 0.32 selon les étages |
Douleur | Icc de 0,61 à 0.69 selon les étages | ||
Binkley 1995 | MK de 6 à 11 ans d’expérience en orthopédie | Raideur | ICC = 0.25 |
Philips Twomey 1996 | Spécialistes en thérapie manuelle | Raideur & douleur | κ = −0.14 – 0.24 |
Hicks 2003 | Kinésithérapeutes de 2 à 8 ans d’expérience | Hyper ou hypomobilité | Hyper κ = 0.30 (0.13, 0.47)
Hypo κ = 0.18 (0.05, 0.32) |
Douleur | Entre κ = 0.25 et κ = 0.55 selon les étages | ||
Fritz 2005 | Non indiqué | Hyper ou hypomobilité | Hypo κ = 0.38 (0.22, 0.54)
Hyper κ = 0.48 (0.35, 0.61) |
Douleur | κ = 0.57 (0.43, 0.71) | ||
Qvistgaard 2007 | Spécialistes en médecine manuelle de plus de 20 ans d’expérience | Raideur | κ = 0.23 |
Landel 2008 | Thérapeutes manuels de plus de 15 ans d’expérience | Trouver le segment le moins ou le plus mobile | Le moins mobile κ = 0.71 (0.48, 0.94)
Le plus mobile κ = 0.29 (−0.13, 0.71) |
Schneider 2008 | Chiropracteurs de 10 & 25 years d’expérience | Mobilité ou non | L1-L4: κ= 0.07
L4-S1: κ = 0.11 |
Douleur | L1-L4: κ= 0.34
L4-S1: κ= 0.58 |
||
Hidalgo 2014 | Kinésithérapeutes spécialisés en TMO de 10 & 0 années d’expérience | Douleur | κ= 0.45 (0.31, 0.58) |
Alyazedi 2015 | Thérapeutes expérimentés (entre 13 & 20 ans d’expérience) | Raideur | κ = −0.02 (−0.22, 0.18) |
Douleur | κ = 0.41 (0.18, 0.63) |
Validité comparativement à l’IRM :
Il semble que les estimations des thérapeutes présentaient une concordance pauvre avec les mesures IRM (kappa quasi-nul pour le moins et le plus mobile des segments). En résumé, deux praticiens tombent volontiers d’accord sur le segment le moins mobile, difficilement d’accord sur le segment le plus mobile, mais ces estimations ne concordent pas avec les amplitudes mesurées à l’IRM [Landel 2008].
Sensibilité et spécificité apparaissent faibles à modérées (Ferrari 2015)
Isolément, la spécificité de la mobilisation passive postéro-antérieure et des analyses de mouvements passifs segmentaires est généralement élevée, mais la sensibilité est faible.
Valeur prédictive du test dans un groupe de patients lombalgiques, retrouvée dans un article de 2005
131 patients lombalgiques depuis une moyenne de 27 jours (avec une étendue d’un jour à plusieurs années…) ont été traités (Fritz 2005) durant un mois aléatoirement par manipulation vertébrale ou stabilisation rachidienne (renforcement musculaire).
71% ont été classés comme hypomobiles et 11,5% comme hypermobiles. Tous ont été suivis à l’aide d’un Oswestry Disability Questionnaire.
Lorsque l’hypomobilité était présente, de meilleurs résultats, dans la proportion de 23.7% IC95% [5.1%-42.4%], s’observaient dans le traitement par manipulation vertébrale.
Il fallait traiter 2 patients hypomobiles par manipulation vertébrale pour observer une amélioration chez l’un d’entre eux (NNT=2.1; 95% CI, 1.6-3.5).
Lorsque l’hypermobilité était présente, de meilleurs résultats, dans la proportion de 36.4% IC95% [10.3%-69.3%] s’observaient dans le traitement par stabilisation rachidienne.
Il fallait traiter un peu moins de 2 patients hypermobiles par stabilisation rachidienne pour observer une amélioration chez l’un d’entre eux (NNT=1.6; 95% CI, 1.2-10.2).
Références bibliographiques :
Maher C. Adams R. A psychophysical evaluation of manual stiffness discrimination. Australian physiotherapy. Vol 41 n°3 1995. 161-7
Landel R, Kulig K, Fredericson M, Li B, Powers CM. Intertester reliability and validity of motion assessments during lumbar spine accessory motion testing. Phys Ther. 2008 Jan;88(1):43-9.
Fritz JM, Whitman JM, Childs JD. Lumbar spine segmental mobility assessment: an examination of validity for determining intervention strategies in patients with low back pain. Arch Phys Med Rehabil. 2005;86(9):1745–52. doi: 10.1016/j.apmr.2005.03.028.
Ferrari S et al. A literature review of clinical tests for lumbar instability in low back pain: validity and applicability in clinical practice. Chiropr Man Therap. 2015 Apr 8;23:14. doi: 10.1186/s12998-015-0058-7.
Articles en rapport avec le sujet
Maike Stolz, Harry von Piekartz, Toby Hall, Anne Schindler, Nikolaus Ballenberger. Evidence and recommendations for the use of segmental motion testing for patients with LBP – A systematic review . MSP. February 2020. Volume 45
(Article en accès libre en 2020)