Le ligament coraco-huméral, globalement horizontal, limite la rotation latérale de l’épaule, bras en position anatomique, coude au corps.

Sa rétraction accompagne la capsulite rétractile (j’ai écrit « accompagne », ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit).
Il a été proposé de l’infiltrer, de lui mettre un coup de bistouri, voire au pire de le travailler en thérapie manuelle dans le cadre de cette affection.
Comment le repérer ?
12 épaules volontaires de cadavres frais ont été mises à contribution.
- Un physiothérapeute a infiltré une teinture au latex bleue à partir de repères anatomiques ( 1 cm latéralement au bord latéral du processus coracoïdien, sur une ligne reliant l’angle antéro-latéral de l’acromion, comme le montre la figure 1 que vous trouverez dans le texte et qui résume ce dont vous avez besoin pour travailler).
- Un jeune médecin de rééducation a infiltré une teinture au latex rouge en se guidant par échographie.
- Un anatomiste en aveugle des couleurs de latex a vérifié la concordance des injections.
Résultats
Comme le médecin n’était pas habitué à faire des injections à cet endroit et que le physiothérapeute avait bénéficié d’une pratique précédente, le physio a contacté le ligament dans 9 des 12 injections (75% des cas), le médecin 8 fois sur 12 (67%). Ca fait désordre.
En éliminant les deux premières injections (faut bien qu’ils apprennent), le médecin est repassé devant avec 80% de réussite (la morale est sauve). Un Chi2 (avec correction de Yates parce que du coup ils n’avaient pas suffisamment de données) a permit de conclure qu’on avait pas besoin d’échographe pour piquer dans le ligament (puisque 75% ou 80% de bonnes réussites, statistiquement, c’est similaire).
Conséquences pratiques
Face à un patient dont la rotation latérale coude au corps est limitée, si vous voulez piquer dans le coraco-huméral avec votre aiguille de dry needling électrifiée ou pas, pas besoin d’investir en plus dans un échographe : les repères anatomiques suffisent.
Si vous voulez attendrir le ligament en lui chauffant la couenne aux ultra-sons pendant que vous tordez le bras du patient en rotation latérale, posez la tête d’ultra-sons entre acromion et coracoïde, ça va le faire.
Vous pouvez même parler au patient pendant le même temps, avec empathie, respect et ouverture d’esprit (voir la note d’avant-hier), plus facilement qu’avec du dry needling : quand on le perce, le patient perçoit moins (étonnant, non ?)
Références bibliographiques
Pape JL, Boudier-Revéret M, Brismée JM, Gilbert KK, Grabs D, Sobczak S. Accuracy of unguided and ultrasound guided Coracohumeral ligament infiltrations – a feasibility cadaveric case series. BMC Musculoskelet Disord. 2020 Feb 28;21(1):136. doi: 10.1186/s12891-020-3153-4.
(Article en accès libre)