Les praticiens qui ont fait cette étude [Moser 2019] ont cherché à voir sous IRM jusqu’à quelle amplitudes on pouvait tordre le cou de patients cervicalgiques chroniques sans modifier l’hémodynamique de l’artère vertébrale.
On s’amuse comme on peut.
Lieu
Le centre de recherche en imagerie de l’hôpital St. Joseph à Hamilton, Ontario, Canada.
Participants
Vingt patients ont été inclus. L’âge moyen était de 32 (12,5) ans, la durée moyenne de la douleur au cou de 5,3 (5,7) ans et le score moyen d’indice d’invalidité au cou de 13/50 (6,4).
Interventions
Après la mesure initiale de l’hémodynamique cérébro-vasculaire, les auteurs ont réparti au hasard les participants dans deux groupes :
- une rotation maximale du cou suivie d’une manipulation cervicale ou
- une manipulation cervicale suivie d’une rotation maximale du cou.
Indicateurs
Le critère de jugement principal, l’hémodynamique des artères vertébrales, a été mesuré après chaque intervention et a été obtenu en mesurant des images anatomiques tridimensionnelles en haute résolution.
Le critère de jugement secondaire était les perfusions du cervelet et du cerveau postérieur, mesurée à l’IRM.
Résultats
Par rapport à la mesure en position neutre du cou, les auteurs ont trouvé un changement significatif dans le flux sanguin controlatéral après la rotation maximale du cou. Il y avait un changement significatif dans la vitesse du sang de l’artère vertébrale controlatérale après une rotation maximale du cou et une manipulation cervicale.
Ils n’ont retrouvé aucun changement significatif dans la perfusion cérébrale après une manipulation cervicale ou une rotation maximale du cou.
Conclusion des auteurs
L’étude est conforme aux études antérieures qui ont montré une diminution du débit sanguin et de la vitesse dans l’artère vertébrale controlatérale à la rotation de tête. Elle ne retrouve pas de modification de la perfusion cérébrale par rapport à une position de cou neutre ou à une rotation maximale du cou.
Les modifications observées n’ont pas été cliniquement significatives et suggèrent que la manipulation cervicale pourrait ne pas augmenter le risque d’événements cérébrovasculaires par le biais d’un mécanisme hémo-dynamique.
Ils avancent que les changements dans l’hémodynamique de l’artère vertébrale sont plus prononcés après une rotation maximale de la tête qu’après une manipulation cervicale.
Commentaire à moi
Quand on tourne la tête à gauche, l’artère vertébrale droite est étirée et contrainte par l’avancée de l’atlas. Rien de neuf.
Les chiropraticiens sont toujours à la recherche de la preuve irréfutable que la manipulation vertébrale cervicale soit sans danger, alors qu’il n’y a pas aujourd’hui de preuves que cette technique ait une quelconque utilité dans les cervicalgies. Il nous reste de beaux jours devant nous.
D’autant que la kinésithérapie intervient aussi sur les conséquences neurologiques malheureuses d’une manipulation vertébrale.
Références bibliographiques
Moser N, Mior S, Noseworthy M, Côté P, Wells G, Behr M, Triano J. Effect of cervical manipulation on vertebral artery and cerebral haemodynamics in patients with chronic neck pain: a crossover randomised controlled trial. BMJ Open. 2019 May 28;9(5):e025219. doi: 10.1136/bmjopen-2018-025219.
(Article en accès libre)
J’aime beaucoup ton commentaire !
Serge
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